Rien de tel pour une pure Parigote délocalisée en proche banlieue que de piquer la bagnole de ses vieux un samedi soir et de partir en virée sur Paname.
Eh oui, en tant que Parisienne Pure Souche, je me fais un point d'honneur à me déplacer principalement en transports en communs et avec mes pieds, donc l'achat d'une voiture personnelle s'est très vite avéré superfétatoire. Franchement avoir une voiture pour ne l'utiliser qu'épisodiquement le week-end, c'est pire que la ruine : entre le parking, l'essence, l'assurance, les pètes (oui, je suis une fille, donc je raye ma caisse), les prunes, les chiures de pigeon (ça vous bousille une peinture ces merdes-là, euh enfin, si je peux m'exprimer ainsi...)... Rien que d'y penser, je regarde mes Converse tombées du camion avec un regard ému...
En plus, ça fait un brin la fille éco responsable, qui s'inquiète pour l'avenir de sa planète et le futur de ses enfants...
Bref, je prends la voiture, direction le 20ème arrondissement pour la crémaillère de mon ancienne chèfe qui a quitté un super appartement (on se croyait dans l'émission de France5 sur la déco) pour une maison qui est encore plus topissime.
Avant de prendre le volant, je respire un bon coup (style yoga du Grand Bleu avec la musique d'Eric Serra pour faire office de bande-son). Bon, ma Chérie, tu peux y arriver, tu peux y arriver... Bon, ça fait plus de 6 mois que tu n'as pas pris le volant, nous ne sommes qu'un samedi et il n'est que 20h... Tout va bien, si tu ouvres les yeux et restes calme...
Je m'installe, mets la radio de mon père sur RTL2 (mais pourquoi s'évertue-t-il à n'écouter que RTL ou Europe1 ??? non, mais quelle horreur !) et démarre. Je passe avec brio l'épreuve du périph', jusqu'ici, tout va bien... il n'y a pas grand-monde. A la sortie, j'ouvre mon plan de Paris sur la 1ère page du 20ème, je respire... Jusqu'ici, tout va bien, les gens sont sympas, je ne fais pas trop peur aux autres, la musique est cool, je ne me trompe pas... Arrivée rue des Pyrénées, je ralentis pour chercher une place, personne ne me lance de gros appels de phares... Eh ! Mais je m'en sors mais comme un chef ! On va me décerner une médaille même ! J'arrive à proximité de l'adresse de la nouvelle maison de ma chèfe et je me rends à l'évidence : ça se gâte, il n'y a pas de place... Faut dire, dans un quartier limite résidentiel un samedi soir, une place à prendre sans faire de manœuvre, cela relève du miracle ! Je tourne, retourne (mince, j'avais pas eu l'impression que ça chiait autant la zone dans ce quartier...), pas de place.. ARRRGGGH ! C'était trop beau. Après plus d'1/4 d'h de pérégrinations, un petit monsieur se barre avec sa mini camionnette ! Mais c'est une super place ! Je me mets en position de créneau...
Et c'est l'horreur.
Au bout de la 5ème tentative infructueuse, je me demande quand était la dernière fois que j'ai fait un créneau... Mince, près de 8 ans, je me suis rouillée... déjà que je n'étais pas très fortiche...
Mais comment je faisais avant ??? J'avance, je recule, j'avance, je recule... et ma voiture fait invariablement exactement le même trajet à l'aller qu'au retour... Bien sûr en 5 minutes, les voitures commencent à s'amasser... et c'est le début de la fin... Je commence à avoir des auréoles sous les bras, la buée s'installe sur les vitres, et le concert de klaxon démarre... J'ouvre ma fenêtre, non sans hurler des "Je peux carrément la laisser au milieu de la rue si t'es pô jouasse ! Oui, je peux le faire !!!". La voiture parentale, ainsi que les voitures proches en prennent pour leur grade (on appelle ça se garer à la parisienne, malheur à vous si vous êtes en vitesse !). Enfin, au bout de près de 20 minutes, je libère le passage, non sans me faire invectiver par les voitures qui me collaient au train, puis me loge de traviole dans ma place... MA PLACE, si chèrement gagnée...
Je sors, ferme la voiture. L'air frais et vivifiant de la rue caresse mon front brillant de sueur, j'évite de fermer mon manteau car mince, ça a chauffé !
Bon, avec le recul, je suis grave en biais, je fais en ch... des bulles carrées pour sortir de la place, mais quelle victoire !