[large]«J'ai un chef de cuisine privé»[/large]
Désormais installé à Paris, le chanteur se fait acteur. Après une apparition dans «Precious», le voilà dans «Hunger Games».
Par Henry Arnaud. Mis à jour le 02.04.2012
Père de Zoë Kravitz, actrice de 24 ans, Lenny Kravitz, 48 ans, oriente sa carrière vers le cinéma. Il y retrouve Jennifer Lawrence, une amie de sa fille, dans «Hunger Games». Il y joue le rôle de Cinna, mentor de la jeune héroïne.
Connu pour être un rocker inspiré et influencé par les grands anciens de John Lennon à Jimi Hendrix, de soul, funk pop aussi, Lenny Kravitz s’essaie de plus en plus au cinéma. Le voilà dans le blockbuster du moment: «Hunger Games». Il y joue le mentor de l’héroïne, interprétée par Jennifer Lawrence, une amie de sa fille Zoë, elle-même actrice. Côté privé, il s’est installé à Paris et se paie un chef privé. Un luxe pour garder la ligne!
Lenny Kravitz, votre fille Zoë est actrice. Vous a-t-elle passé le virus de la comédie?
A vrai dire nous ne parlons jamais de travail lorsque nous sommes ensemble.
Pourquoi devenir acteur, la musique ne vous satisfait plus?
Toute ma famille pensait que je serais acteur lorsque j’étais enfant. Je prenais des cours de théâtre, j’ai fait des petits rôles à la télé et dans des pubs. Jusqu’au jour où la musique est entrée dans ma vie et j’ai arrêté de jouer la comédie. Récemment, je travaillais sur un projet de film avec Lee Daniels, qui n’a pas vu le jour, mais il m’a demandé de participer à «Precious» ( ndlr: nominé aux Oscars ). J’étais en tournée mondiale, mais c’était un petit rôle et cela ne m’a pris que deux jours. Après le succès de «Precious», le réalisateur Gary Ross m’a approché pour «Hunger Games».
Est-ce une coïncidence si vous êtes à l’affiche de «Hunger Games» dont la star est Jennifer Lawrence, l’une des meilleures amies de votre fille?
Un pur hasard! J’ignorais que Jennifer serait ma partenaire au moment de signer mon contrat. En discutant avec les producteurs, je leur ai demandé qui serait la jeune héroïne du film et ils m’ont dit Jennifer Lawrence. Je leur ai dit: «Intéressant, elle était dans ma maison la semaine dernière. Cela va être plus facile pour créer notre relation à l’écran!» (Rires .)
Comment avez-vous rencontré Jennifer?
Elle tournait dans «X-Men: First Class» avec ma fille à Londres. Zoë est venue me rendre visite avec elle tous les week-ends, à Paris, là où je suis désormais installé. Durant les longs mois de tournage, toute leur bande prenait l’Eurostar pour venir squatter à la maison et s’éclater à Paris. Ma résidence était pleine de jeunes X-Men ( rires ).
Pourquoi avoir choisi Paris?
J’avais besoin de changement. Cette ville m’a toujours fasciné. Je me suis offert la plus grande des extravagances en France: un chef de cuisine. C’est mon luxe. J’ai réalisé qu’il me fallait quelqu’un pour s’occuper de mon alimentation au quotidien si je veux garder mon énergie dans mon travail. Je voyage sans cesse et change souvent de pays. Mon chef est aux petits soins avec moi. Il me prépare des plats bio. Cela m’évite de grossir, de manger n’importe quoi et d’être fatigué toute la journée.
A quand un film en français, avec Luc Besson par exemple?
Je parle bien votre langue mais pas suffisamment pour apprendre un scénario tout entier. J’adorerais collaborer avec Besson qui a été l’une de mes sources d’inspiration pour mon personnage dans «Hunger Games». J’ai revu «Le cinquième élément» et j’ai voulu imaginer le look de Cinna, mon personnage, comme celui de Chris Tucker. Luc avait créé un personnage d’animateur excentrique.
On est loin du rocker dans «Hunger Games».
La plupart des acteurs ont passé des heures à se maquiller et à se préparer avec des stylistes. Moi, c’était l’opposé. Ma seule extravagance est l’eye-liner sur les yeux. Très simple par rapport à mes looks de chanteur, c’est sûr ( rires ).
Etiez-vous conscient du phénomène «Hunger Games» avant la sortie du film?
Non, mais j’ai fait le parallèle avec le football. La plupart des Européens considèrent le foot comme une religion. Je ne sais pas comment sont les supporters en Suisse, mais les Parisiens sont dingues du PSG. Les fans des livres «Hunger Games» ont la même attitude envers le film et ses héros.
«Hunger Games» est aussi une critique de la télé-réalité qui a envahi les chaînes, à commencer par MTV qui a lancé votre carrière.
MTV signifie Music Television. Je ne sais pas pourquoi elle a conservé ce nom: il n’y a quasiment plus rien de musical. Au début, on pouvait y voir toutes sortes d’artistes, apprendre sur les différents genres. Maintenant, c’est un enchaînement de programmes de télé-réalité où la vulgarité rejoint le sensationnel. «Hunger Games» n’est peut-être pas loin si nous continuons sur cette voie.
Vous semblez aussi critique avec le monde de la musique. Pourquoi?
Dans mon enfance à New York, j’écoutais une grande radio: WABC. J’y ai découvert les Beatles, Aretha Franklin, Tina Turner mais aussi Neil Sedaka ou les Carpenters. Cette diversité m’a permis de devenir l’artiste que je suis à travers différentes influences. Maintenant, les radios musicales se contentent de jouer les mêmes quinze tubes en boucle. C’est la même chose sur les radios américaines, comme en Suisse ou dans n’importe quel pays du globe. C’est un des effets pervers de la mondialisation. On perd son identité et son originalité. De plus, si vous voulez avoir un succès commercial dans la musique, il faut travailler avec des DJ. Je n’ai rien contre eux, mais regardez ce qui se vend aujourd’hui: Rihanna avec DJ machin ou Usher avec DJ bidule… C’est la dictature musicale d’un seul et même rythme. Et je refuse de rentrer dans ce moule qui manque totalement d’originalité.
source www.lematin.ch/people/j-chef-cuisine-prive/story/18023030