[large]Lenny Kravitz : "C'est mon premier album qui ne présente aucune chanson triste"[/large]
[small]Le 25/08/2011 à 14h08, par SFR Live Concerts[/small]
Lenny Kravitz sort un album tous les trois ans, c’est son rythme, quels que soient les évènements extérieurs. En l’occurrence : un changement de label (ce n’est plus Virgin-EMI mais Warner) et des débuts au cinéma avec un rôle dans "Precious" de Lee Daniels et un autre dans "The Hunger Games" de Gary Ross.
Lenny Kravitz a beau être un homme pressé, il n’oublie jamais d’écrire de bonnes chansons. Son nouvel album "Black And White America", en est rempli. Un album cross-over, entre rock soul et funk, il y a même un duo avec Jay-Z, c’est dire.
Lenny, vous qui habitez Paris la moitié de l’année, parlez-vous français ?
Lenny Kravitz : Est-ce que j’ai progressé ? Heu, non, pas vraiment… Pourtant je travaille, je fais des efforts à Paris mais lorsque je suis aux Etats-Unis ou au Bahamas j’oublie tout.
Enfin ce disque ai-je envie de dire, car il s’agit bien de "Negrophilia", cet album funk dont vous parliez depuis plusieurs années non ?
Non non non, j’ai abandonné ce projet, toi tu consultes trop Wikipedia… Ce disque est entièrement nouveau. Je suis incapable de revenir sur de vieux projets, lorsque je compose j’ai besoin de sang neuf. J’aime être dans le mouvement pour composer. J’avais en tête ce projet et un jour j’ai annoncé un album funk qui s’appellerait "Negrophilia", mais il n’existe pas, c’est un leurre. Tu es le premier à me poser la question remarque…
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Lenny Kravitz - Black & White America (medley) by WarnerMusicFR
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Ce disque aborde frontalement le racisme, il sort en parallèle de ce rôle de Martin Luther King que vous allez incarner au cinéma dans le film "Selma " de Lee Daniels. Pourquoi avoir eu envie d’aborder ce sujet maintenant ?
Cela a commencé avec un documentaire que je regardais à la télévision, j’y ai entendu des Américains qui affirmaient être racistes, et pire, fiers de l’être. Ils étaient pour un retour au temps de l’esclavagisme, que c’était normal puisque les noirs étaient inférieurs. Et lorsqu’on les interrogeait sur Barack Obama, ils faisaient semblant de demander de qui on parlait. J’étais scotché sur mon canapé, je n’en revenais pas. Et lorsque j’ai écrit cet album, tout ce que je ressentais est ressorti, je me devais d’en parler.
Pensez-vous que c’est le rôle d’un artiste d’aborder ce genre de thèmes ?
Ce n’est en aucun cas une obligation, mais comme je suis quelqu’un d’entier, et que cela m’obsédait, ça ne pouvait que transpirer dans cet album.
Avez-vous souffert du racisme?
Oui et non, mes parents ont toujours été différents, ma mère était noire, mon père blanc, et dans les années 60, les couples mixtes étaient exceptionnels. Mais je n’ai jamais vraiment été touché, sauf plus tard, lorsque des chauffeurs de taxi refuseront quelques fois de me prendre (ce sera l’objet de la chanson "Mr Cab Driver").
Sur la photo de pochette il y a une photo de vous enfant, pour quelle raison ?
C’est plus un hasard qu’autre chose, j’étais chez moi je rangeais de vieilles photos et je suis tombée sur celle-ci, et autour de moi on m’a immédiatement dit : C’est la photo de l’album ! J’ai 7-8 ans, j’ai ce signe de paix et d’amour sur le visage, il est vrai que cela correspond bien à l’album. Aussi le fait que l’enfance soit la période de l’innocence, avant ce documentaire télé, j’étais complètement innocent.
Etait-ce une bonne période ?
L’enfance ? Oui, la meilleure.
Quand est née cette envie de devenir chanteur ?
En découvrant les
Jackson 5 à la radio, j’avais 5-6 ans.
Mais vos parents étaient dans le show business (Roxie Roker, sa maman, aura un rôle important dans une sitcom The Jeffersons, 253 épisodes entre 1975 et 1985. Seymour Kravitz, son papa est producteur dans l’audiovisuel, pour la chaine NBC), il était donc naturel que vous ayez envie de cette vie là non ?
Oui, disons que ça s’est nourri mais j’aurai très bien pu faire autre chose. Le cinéma n’était pas une passion, c’était vraiment la musique. Mais il est vrai que j’avais baigné dans ce milieu depuis ma plus tendre enfance. L’autre déclic c’est
Prince, il est celui qui m’a fait comprendre qu’il fallait faire ce dont on avait envie. Le film "Purple Rain" m’a fait réaliser que l’on pouvait être tout seul en studio, surtout que je tâtais de plusieurs instruments. Ça a commencé de cette façon, lorsque je me suis enfin décidé à m’enfermer en studio, c’est l’histoire de mon premier album ("Let Love Rule", 1989).
De quoi parle la chanson "Liquid Jesus" ?
C’est une métaphore. Avec l’âge, nos déceptions amoureuses nous mettent en garde, il devient de plus en plus difficile de faire pleinement confiance et d’ouvrir son cœur à une inconnue. Or dans cette chanson j’établis un parallèle avec Jesus qui au contraire pardonne instinctivement tous nos péchés avant de nous accueillir. Je crois en Dieu, et j’ai besoin de l’amour d’une personne pour renaître, c’est l’une de mes chansons préférées, que j’ai enregistrée à Paris d’ailleurs.
En quoi cet album est une célébration comme c’est écrit dans la bio ?
C’est mon premier album qui ne présente aucune chanson triste, dans mes disques il y a toujours un ou deux morceaux qui portent en eux leur part de tristesse, ici non. C’est un disque positif de A jusqu'à Z.
Quelle en est la raison ?
J’étais aux Bahamas pendant la plus grande partie de l’année dernière, peu de gens m’entouraient. J’étais seul la plupart du temps. Et donc lorsque vous vous retrouvez seul dans ce genre d’environnement, au calme, où tout respire la création, qu’il n’y a que de l’énergie positive, il est difficile de ne pas en être baigné. Les obstacles que l’on peut avoir ailleurs, s’évanouissent complètement.
Est-ce que cette solitude vous aide à créer ?
Je n’en ai pas besoin mais cela a été quelque chose de définitivement bénéfique pour ce disque.
De quoi parle la chanson "Rockstar City Life", de votre vie ?
Cette chanson m’a été inspirée par l’histoire de Cherry Currie des Runaways, j’ai vu le film qui est sorti l’année dernière, et j’ai découvert ce groupe. Leur musique, mais aussi sa trajectoire, très violente. C’est une rebelle qui va être complètement bouffée par le système, elle va devenir un produit marketing, tout ce que à priori elle déteste, j’ai essayé de deviner ce qu’elle ressentait. Cette chanson s’inspire de son histoire.
Vous avec une énorme tournée automnale en France, comment l’abordez-vous ?
C’est grâce à eux si j’en suis là aujourd’hui, c’est en France que tout a commencé pour moi, au TransMusicales de Rennes (le 6 décembre 1989). Cela a tout de suite fonctionné, je suis immédiatement tombé amoureux de la France et j’aime toujours autant votre pays. J’aime le studio, mais j’aime encore plus jouer sur une scène. J’ai hâte d’y être !
[small]Propos recueillis par Christian Eudeline[/small]