New York | 08.08.2011 | 23:59
Lenny Kravitz est confortablement installé sur la terrasse du Greenwich Hotel, un hôtel de luxe dans le quartier de Tribeca, à New York. De l’autre côté du lobby de l’établissement, on peut apercevoir les paparazzi qui l’attendent dans la rue. L’actrice Kirstie Alley lit un scénario derrière lui. Sur la table basse, le lunch du rockeur de 47 ans aux 35 millions d’albums vendus est des plus sains: graines, fruits, bruschetta et eau minérale.
«Black and White America», votre nouvel album, semble avoir baigné dans le funk de La Nouvelle-Orléans des années 60 et 70…
Dans le funk en général, oui. Le funk est toujours en moi. Que le morceau tende un peu plus vers le rock ou pas, il y a toujours des éléments de funk dans le rythme. Si vous écoutez tous mes disques, le message est le même. Ma musique parle d’amour, de paix, de Dieu, d’égalité et d’unité. J’adore La Nouvelle-Orléans. J’y ai une maison. C’est une ville importante pour moi, qui m’a bien sûr influencé. Il y a tellement de musique incroyable là-bas.
Vous êtes né à la fin du mouvement pour l’égalité des Noirs et des Blancs. Comment avez-vous vécu ce combat pendant votre enfance?
J’ai grandi dans l’Amérique noire et blanche. Mon père était blanc et ma mère noire. On m’a enseigné que la société ne me verrait que comme Noir parce qu’elle a une vision limitée. Mais j’ai toujours fait en sorte que ça ne me touche pas. Ma famille était saine et il n’y avait pas de problèmes de race. Aujourd’hui, ce n’est pas parce qu’il y a un président afro-américain que les consciences ont évolué. Nous avons parcouru un long chemin, mais nous sommes encore loin du but.
Votre album explore plusieurs styles musicaux: funk, rock, voire reggaeton. Parlons de «Boongie Drop», morceau sur lequel on retrouve Jay-Z…
Après avoir écrit Boongie Drop, je savais que je voulais Jay-Z. Le «boongie» est le «derrière» aux Bahamas. Le morceau ne parle pas seulement de se bouger les fesses. Il parle de la fierté de ces femmes voluptueuses et de leur manière de ne pas se préoccuper des stéréotypes sur la beauté. Ce morceau est intéressant, car il y a du synthé, des percussions, des cordes. C’est un chouette collage.
Vous aviez commencé un album radicalement différent qui s’appelait «Negrophilia» et s’intéressait au Paris de Joséphine Baker dans les années 30…
J’ai mis cet album de côté. Je le finirai un jour et le sortirai. Mais quand j’ai commencé à écrire des nouveaux morceaux dans mon nouveau studio, j’ai réalisé que je n’allais pas dans la même direction que Negrophilia. Il y a du funk dans cet album. J’ai pris les quatre nouveaux morceaux et j’ai décidé d’aller dans une autre direction pour faire Black and White America.
Vous tournez depuis plus de vingt ans, vous avez vendu des millions d’albums. Pensez-vous avoir encore quelque chose à prouver?
Je ne sais pas si je dois encore prouver quelque chose. Mais je pense que je dois continuer à grandir et m’améliorer. C’est mon but.
Comment?
En devenant un meilleur musicien. Je veux continuer à maîtriser de nouveaux instruments. Actuellement, j’apprends à jouer de la trompette.
Quelle est votre vision de la vieillesse dans le rock?
Tout dépend de la manière dont vous le vivez. Je suis toujours jeune et je me sens superbien! Je n’ai pas beaucoup changé physiquement par rapport à il y a 22 ans. Mais je n’y pense pas vraiment. Regardez Mick Jagger, B.B. King, Bob Dylan ou Allen Toussaint! On devient meilleur au fil des ans.
Vous savez également très bien vous vendre. Votre nom est devenu une marque. Que représente-t-elle?
La créativité. Que je fasse de la photographie ou du design d’intérieur, des meubles, de l’architecture, de la musique ou du cinéma. Ce qui compte pour moi, c’est d’être créatif.
A propos de design d’intérieur, qu’est-ce qu’un rockeur comme vous apporte dans ce domaine?
Je ne crois pas que ça ait à voir avec le fait que je sois un rockeur. Ce qui compte, c’est ma sensibilité. Je suis en train de faire le design d’une tour de 50 étages à Miami. Je travaille avec Philippe Starck. J’apporte mon sens esthétique et ma manière de vivre. Il y a toujours une touche de rock dans ce que je fais, mais elle est très élégante et sophistiquée.
Source :
www.tdg.ch/lenny-kravitz-touche-rock-2011-08-08
"Negrophilia"....Je l'aurais un jour, je l'aurais !!!