[small]festival mercredi18 avril 2012[/small]
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Les folles diagonales de Paléo[/large]
[small]Rocco Zacheo[/small]
La 37e édition du mastodonte invite Sting, The Cure et David Guetta en haut de son affiche. La chanson française se réduit, le Village du monde se tourne ver le Proche Orient
C’est une grande diagonale appelée à relier des points musicaux disparates et des publics éloignés. Le Paléo Festival, qui aspire depuis toujours à catalyser les attentions de toutes les chapelles mélomanes, en a tracé une nouvelle, en maîtrisant pleinement l’exercice.
Pour son édition à venir, du 17 au 22 juillet prochain, le cap demeure inchangé. L’affiche dévoilée hier à Nyon, pas loin du fief du plus gros événement culturel helvétique, dit cela: sur la plaine de l’Asse et dans ses abords, le programme concentre les genres aux horizons parfois divergents sans s’embarrasser d’inutiles soucis de cohérence. Le pedigree de la manifestation prévoit cela.
La liste des invités est longue: 108 artistes en tout. Les attentes des organisateurs, elles, demeurent intactes: 230 000 spectateurs espérés, soit le sold out pour les six soirées.
En juillet, le domaine nyonnais se mue donc en terre de contrastes. Faut-il un exemple? On le trouvera le dimanche, jour de clôture. Sur la grande scène, tour à tour, deux artistes que tout sépare, âge, parcours musical, attitude: d’un côté David Guetta, DJ des masses océaniques et des events les plus huppés, de l’autre Roger Hodgson, fondateur des légendaires Supertramp. Le choc des publics que promet la soirée mérite en soi le déplacement…
On trouve pourtant, dans cette Babylone musicale qu’est Paléo, des lignes claires qui se détachent. La plus évidente dit le déclin de la chanson française, historiquement bien, voire trop représentée à Nyon. En 2012, il n’en reste qu’une portion homéopathique, avec notamment le vétéran Hubert-Félix Thiéfaine, figure cabossée dont le talent est enfin reconnu à large échelle.
Mais aussi avec l’imprévisible Camille et les revenants Bénabar, Thomas Dutronc et Dionysos. Les pulsations de la scène hexagonale sont à capter ailleurs, dans le registre hip-hop. Orelsan et le collectif 1995 sont des excellentes prises qu’il ne faudra pas manquer.
Quant aux locomotives du festival, elles parlent anglais, campent dans les contrées rock et pop et font parfois figure de mythologies insubmersibles. On citera surtout The Cure: trente ans de carrière, des passages à vide qui ont laissé songeurs les fidèles de la première heure et un retour pour une tournée mondiale délestée de ce maniérisme synthétique qui a fini par perdre Robert Smith et ses complices. Paléo, qui aime les exclusivités en terre helvétique, tient là un groupe qui fait le poids. D’autres artistes lui font écho. Sting, par exemple, que le patron Daniel Rossellat dit faire partie des figures longuement courtisées et jamais atteintes par les programmateurs. Et Manu Chao aussi, qui a confirmé sa présence tôt mercredi matin, à quelques heures seulement de la présentation de l’affiche.
La persistance du rock est une vérité qui se confirme dans tous les plis du festival. Franz Ferdinand, Bloc Party, Garbage, Hanni El Khatib ou Miles Kane sont autant de pointes visibles d’une scène qui compte aussi beaucoup de visages à découvrir sans hésiter sur les petites scènes.
On notera enfin la présence d’une troupe helvétique stimulante (Honey for Petzi, Peter Kernel, Buvette, Xewin…) et un Village du monde entièrement dédié au Proche et Moyen-Orient. Ici, on n’échappera pas aux «produits d’appel» que sont ces artistes reconnus et couronnés en Occident (Natacha Atlas, Trio Joubran, Avishai Cohen…). Alors, les curieux iront aussi prendre le pouls de valeurs moins établies et porteuses de langages peu connus. Elles sont nombreuses. La diagonale folle de Paléo ne les a pas manquées.
Paléo Festival, du 17 au 22 juillet. Billetterie ouverte le 25 avril à 12h. Rens.
www.paleo.ch
www.letemps.ch/Page/Uuid/5edb5906-88c3-1...onales_de_Pal%C3%A9o